Titre « à la Johny », mais récit « à la Grams » pour ces Championnats de France Maîtres en petit bassin.
Mercredi 25 mars, je prends le TGV tout seul comme un grand, et cela me rappelle le bon temps où l’on était trois dans la ligne d’eau à l’entraînement du midi et où j’étais le seul à partir pour les championnats au mois de mars. Non je blague, plus on est de fous (et de folles), plus on rit. D’ailleurs en matière de fou, Olivier le barbu me rejoindra le vendredi. Quitte à aller aussi loin que Rennes, j’ai un programme un peu chargé en mettant cette fois-ci l’accent sur les distances intermédiaires. Objectif principal, améliorer mon RP du 200 4N qui date de 2011, me venger de ma disqualification sur 200m NL l’année dernière à Paris, et pourquoi pas piquer le record C5 du club à Laurent Singer sur 400m NL en passant. Enfin nager un 100m NL et un 100m papillon pour voir ce que ça donne avec un shorty. Car ce sont mes premiers championnats en shorty. Dopage technologique de bas de gamme en ce qui me concerne, mais dopage technologique quand même.
Jeudi je traîne dans ma chambre une bonne partie de la journée, je me suis quand même levé pour manger un morceau, puis sieste et je me relève à 13h45. J’ai juste le temps d’aller à la piscine m’échauffer avant la course. Comme réveil musculaire on fait mieux. Les sensations à l’échauffement sont normales, comme tout au long du WE. Pourtant ensuite lors de ma course j’ai l’impression de manquer un peu de jus et de ne pas nager sur un rythme de 100m. A l’arrivée : 1’01″13 est une relative déception. Le RP est amélioré de 9 petits centièmes mais je pensais gagner plus avec le shorty (1″ par 100m ?) et m’approcher de la minute.
Le lendemain, le 400m NL est la première épreuve de la journée donc le réveil est nettement plus matinal. Echauffement à 7h30. Je me souviens avoir eu du mal l’année précédente à établir mon RP à 5’01 » au meeting de Pont-de-Claix, aiguillonné par Laurent Singer qui me rattrapait irrésistiblement dans la deuxième partie de course. Appliquant une fois de plus la règle de 1″ gagnée par 100m grâce au shorty, je pense pouvoir nager 4’57 », mais je me contenterai de 4’59 » car je ne veux pas trop me « cramer » avant le 100m papillon, course que je ne sais plus trop par quel bout prendre. Justement dans la ligne d’à côté nage un gars qui est engagé en 4’59 », je n’ai qu’à essayer de le suivre. Je trouve que ça part vite sur le premier 50m, mais ensuite tout va bien et je reste à sa hauteur sans trop avoir à forcer. Aux 200m je me dis que je peux « accélérer » et je passe devant. Je reste concentré sur ma nage et mes coulées. Bon il est vrai que je ne suis pas très sûr de mon décompte des longueurs et que deux ou trois fois je relève la tête devant, comme en eau libre, pour essayer de lire les temps de passage sur le tableau d’affichage et en déduire la distance parcourue. Ça n’est pas top et en plus ça ne marche pas. Je me dis qu’il vaut mieux assurer et qu’il vaut mieux nager 50 de trop que s’arrêter à 350m. En abordant le dernier 25m je réalise ma bêtise : la série ayant été « doublée » (deux nageurs par ligne), et étant parti dans la seconde vague, je n’ai qu’à m’arrêter quand ceux de la première vague auront fait de même. A l’arrivée le chrono constitue une agréable surprise: 4’56″30 réalisé relativement facilement, et un record C5 de plus dans la musette. Laurent n’avait qu’à rester à l’USSE pour le défendre !
Le soir c’est donc en confiance que j’aborde le 100m papillon, même si j’ai dû interrompre ma sieste pour aller chercher le brasseur barbu à la gare … Lors de la première série du 100m papillon s’élance Pep Claret, « un nadador máster sin límites » selon la fédération espagnole. Il est vrai que multiple recordman du monde master en papillon, il a nagé le 50m en 31″ et le 100m en 1’11 » l’année dernière à 70 ans. Mais tout le monde bute un jour sur ses limites. L’espagnol s’élance, nage, puis s’arrête et reste immobile à la surface. Des nageurs spectateurs se jettent à l’eau pour lui porter secours et le ramènent à la plage de départ le long de sa ligne. On le sort inanimé, des personnes commencent un massage cardiaque. Arrivée des secouristes présents sur la compétition, puis du SAMU. Electrochocs, après 7 minutes d’arrêt le coeur repart, les urgentistes s’affairent et le nageur est finalement évacué 3/4 d’heure après l’accident. La compétition reprend mais l’ambiance est un peu plombée. Avec Olivier on se dit qu’on arrêtera avant d’en arriver là. J’attaque mon 100m et dès les premiers mètres la nage est laborieuse, les sensations sont mauvaises. Au final la règle des 1″ par 100m a marché, mais dans le mauvais sens. Pas de départ facile suivi par un gros craquage dans le dernier 25m comme d’habitude. J’explore une nouvelle façon de rater un 100m papillon. Mais cela m’affecte relativement peu car l’objectif principal est pour le lendemain matin.
Vendredi matin on nous annonce que le nageur espagnol « va bien ». J’aborde le 200m 4N assez tendu. J’espère pouvoir nager 2’35 », voire un peu mieux si tout va bien. Premier 50m en 33″05 (je regarde mon temps de passage au tableau d’affichage en sortant de la coulée sur le dos …). Le parcours de dos est marqué par un virage dos-dos raté, je l’avais pourtant répété la veille au soir. Culbute trop près du mur, poussée vers le fond et ondulations pour remonter à la surface comme un bouchon aux 5m … Les longueurs de brasse et crawl sont moins dures que je ne le redoutais, mais les coulées ne sont pas « top » comme dirait Johny. A l’arrivée, deuxième satisfaction chronométrique du WE : 2’34″19, RP nettement amélioré. Mais je ne suis que 9ième au classement final alors que j’étais 6ième en 2011 en 2’39 » dans la même catégorie.
C’est ensuite à Olivier Russo d’entrer en action pour le 100 brasse. Les sensations sont bonnes à l’échauffement. L’entame de course est très bonne, passage rapide en 35″40 aux 50m, et autour de 55″50 aux 75m, son meilleur passage. Le dernier 25m est un peu difficile même si la nage ne se défait pas. Au final le magnifique record personnel de Paris l’année précédente est amélioré de 4 dixièmes en 1’17″11 … mais le speaker annonce une disqualification pour départ anticipé. Incompréhension car personne n’a vu la faute. J’ai filmé la course et la vidéo ne laisse aucun doute quant au fait que le juge arbitre s’est trompé. Plusieurs discussions avec un juge arbitre suppléant, une réclamation malheureusement déposée hors délai n’y changent rien. Après la compétition nous discutons le lendemain avec le juge arbitre qui a décidé de la disqualification. La discussion est très cordiale, il reconnait qu’il doit prendre ses décisions très rapidement et qu’il peut se tromper, mais la disqualification est maintenue. Un peu difficile à avaler pour Olivier.
C’est le 200m NL qui clôture la journée de samedi. Pour ma part je me dis qu’avec le 200m 4N l’essentiel du contrat est rempli, et que cette dernière course est « la cerise sur le gâteau ». Les séries sont nagées sous les sifflets du public, mécontent que celles-ci aient été « doublées » comme celles du 400m. Il est vrai que c’est la première fois que l’on voit cela. Comme sur le 400m NL, j’essaie de bien nager et tout se déroule à merveille. Très bonne surprise en regardant une dernière fois le tableau d’affichage à l’arrivée : 2’14″41, un nouveau RP amélioré nettement au delà des deux secondes « shorty », et une sixième place assez inattendue.
Le dimanche, Olivier clotûre notre programme avec le 50 brasse. Comme toujours sur 50m tout va très vite. Un bon premier 25m bien dans le rythme des autres nageurs engagés en 34″, une sortie de coulée de virage un peu en retard et au final 35″54, un temps qui ne satisfait pas Olivier qui a fait un peu mieux la veille sur son 100m, et nettement mieux en relais cette année à Echirolles. Ca n’est que partie remise.
Au retour de ces quatre jours de compétition, Olivier est bien sûr frustré. Pour ce qui me concerne, des 100m pas terribles, mais sur 200m et 400m des résultats très satisfaisants, et un plaisir de nager pendant les courses. La préparation à l’entraînement ayant été axée sur le 200m 4N, tout cela semble assez logique !
Hors des lignes d’eau les discussions vont bon train concernant le « doublement » des séries de 200m NL et la densité du programme. En tout plus de 40 heures de compétition en quatre jours, le relèvement des grilles de qualification il y a 2 ou 3 ans n’a pas eu un gros effet sur l’engorgement de cette compétition, et l’on a battu un nouveau record du nombre d’engagements. La Fédération tenant à conserver le mélange des générations et une compétition unique pour toutes les catégories d’âge, on se dirige certainement vers un nouveau durcissement des grilles. Probablement vers un certain « élitisme » que l’on voulait éviter. À suivre.
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