De retour dans notre (bon ?) vieux bassin de Saint-Martin-le-Vinoux après trois années intenses passées à Font-Romeu, Maëlys Saint-Martin a accepté de se livrer et de nous raconter son parcours sportif, son expérience unique au pôle espoir pyrénéen, et les sentiments qui l’animent de retour dans notre piscine Tournesol.
Nous nous retrouvons devant la piscine après l’entraînement du mardi midi.
TG: Tu as commencé à nager à Moirans ?
Maëlys: Oui, mais à l’époque je ne nageais pas beaucoup, deux fois 1500m par semaine. Moirans était un club affilié à l’UFOLEP, j’ai participé aux championnats de France UFOLEP, le niveau était beaucoup plus faible que ce qu’il est dans les compétitions FFN. C’est Ophélie qui m’a fait venir à l’USSE. Elle m’a proposé de venir m’entraîner une semaine à Saint-Martin-le-Vinoux, en fin d’année. Je l’ai fait et ça m’a plu, l’année suivante à la rentrée 2007 j’ai adhéré à l’USSE.
TG: C’est Lionel qui t’a alors entraînée pendant deux ans. Je lui ai demandé quelles avaient été ses impressions à tes débuts avec lui.
Maëlys: Ah bon, qu’est ce qu’il a dit ?
TG: Il a tout de suite remarqué que tu avais une bonne endurance, tu t’es rapidement adaptée aux entraînements de 3000-3500m. Par contre techniquement parlant il y avait pas mal de choses à améliorer, mais tu as très vite beaucoup progressé. Il se souvient d’une compétition à Hyères où il a remarqué que tu était douée pour la brasse. Tu avais fait 1’26″70 au 100m brasse en grand bain, c’était fin mai 2008.
Maëlys: Moi c’est surtout une compétition à Bron en 2009 qui m’a marquée. J’ai fait 2’52 » au 200m brasse en grand bassin. Aux championnats de France minime à Amiens en juillet 2009, il y avait l’équipe du pôle de Font-Romeu. J’ai rencontrée une fille qui en faisait partie. Ca m’a donné envie d’y aller moi aussi pour me consacrer à la natation et à la brasse [Maëlys a notamment nagé sa série du 200m brasse en 2’47″01, ce qui l’a qualifiée pour la finale A, au cours de laquelle elle a malheureusement été disqualifiée pour virage incorrect].
TG: Peut-tu nous expliquer comment ça se passait à Font-Romeu, comment la vie était organisée là-bas ?
Maëlys: J’y ai passé trois ans. La vie y est très cadrée, et il m’a bien fallu deux mois pour m’y adapter. Le passage collège-lycée, l’éloignement de la famille, les changements à l’entraînement (passage au grand bassin, 10 séances par semaine au lieu de 5), cela faisait beaucoup de changements en même temps ! Plus 2 à 3 séances de musculation par semaine. Mais physiquement cela n’a pas été si dur que cela. Il y a avait une très bonne cohésion dans le groupe et cela aidait, on se soutenait les unes les autres quand cela était difficile.
Heureusement il y avait les autres sports qui nous changeaient de la natation: l’automne on faisait 2 footings par semaine, du VTT, de la ppg sur le stade, l’hiver on faisait trois séances de ski de fond par semaine. J’ai participé aux championnats de France UNSS de cross country.
En natation j’étais entraînée par Anne Riff. Les résultats étaient super, j’ai explosé mes records personnels [1’15″73 au 100m brasse à Rennes en avril 2010, 2’39″14 au 200m brasse à Agen en mars 2010, 26 ième meilleure performance française de la saison].
TG: Et ensuite ?
Maëlys: La deuxième année j’étais entraînée par Eric Rebourg. Encore une fois le début n’était pas évident : des entraînements tôt le matin (6h), le passage en première S. Cela a été difficile en début d’année mais là encore j’ai pu m’adapter. Cette année a été assez difficile moralement, mes chronos ne progressaient plus. Eric me soutenait, m’expliquant que cela était normal. Cette année a été marquée par une grosse série de compétitions : les championnats N2 pour se qualifier aux N1 (championnats de France élite, sur le 200m brasse), les championnats de France jeunes, enfin les championnats de France cadets en fin de saison. J’ai un petit regret: peut-être me suis-je trop concentrée sur le 200m brasse, et pas assez sur les 50m et 100m.
La troisième année à Font-Romeu était aussi celle de la préparation du baccalauréat. Je m’entraînais encore avec Eric. On avait un soutien avec une psychologue qui nous aidait à gérer notre vie sportive, scolaire et personnelle. C’était aussi l’année de préparation des championnats de France qualificatifs pour les Jeux Olympiques, que visaient plusieurs nageurs du groupe (Alexiane Castel, Fanny Babou et Lara Grangeon se qualifieront pour Londres). En février 2012, malgré la fatigue accumulée suite à une grosse charge de travail à l’entraînement, le meeting de Nice s’est très bien passé: j’ai amélioré mes records sur 200 brasse [2′ 37″ 81, 22 ième MPF de la saison], mais aussi sur 50m et 100m brasse. Après une bonne préparation terminale et plus reposée je suis allée aux championnats de France de Dunkerque en confiance. Ces championnats ont été comme une douche froide: j’ai raté mon 100m brasse, mon 200m brasse. Je n’ai pas nagé le 50m sur lequel j’étais engagée et je suis rentrée à la maison pour me reconcentrer, prendre du recul. Ensuite je n’ ai plus nagé qu’une fois par jour puis en mai j’ai cessé de nager et me suis concentrée sur la préparation du bac.
Dans le groupe un peu tout le monde avait raté ses championnats. Ca a été un peu la fin de la cohésion entre nous, des tensions sont apparues, je ne m’y retrouvais plus. De plus si j’étais resté au pôle j’aurais ensuite été entraînée par Richard Martinez, mais sa façon de suivre les nageurs ne me convenait pas.
TG: Quel bilan tu tires de cette expérience ?
Maëlys: On m’a déjà demandé si je regrette d’avoir fait cette expérience. Ca n’est pas du tout le cas. Pour moi cela a été une très bonne expérience à la fois physique et mentale. C’était parfois dur, il y a eu des larmes, mais je pense que c’était une bonne école de la vie. Cependant pour moi, trois ans c’était suffisant.
Aujourd’hui je suis très contente de nager à l’USSE. Il y a une bonne ambiance, c’est beaucoup plus détendu et je retrouve un vrai plaisir de nager. Je ne nage plus que 6 fois par semaine, ce qui me permet de mieux me concentrer sur ce que je fais. Et je fais totalement confiance à Johny pour ma préparation, il s’investit beaucoup pour moi, je l’en remercie.
TG: Et du côté études, tu fais quoi maintenant ?
Maëlys: Je suis en 1ère année de STAPS. Cela me convient bien. J’ai comme objectif de devenir diététicienne du sport. En plus de la natation je fais du badminton et de l’athlétisme. Je pense aussi m’essayer au triathlon mais on verra peut-être plus tard, j’ai 18 ans je suis encore jeune !
Après notre entretien, Maélys enfourche son vélo pour rentrer chez elle. Ce mardi elle aura pédalé 40 kms aller-retour pour venir à l’entraînement, malgré les averses.
Maëlys aux côtés de Lionel, son premier entraîneur à l’USSE, et Johny son entraîneur actuel.
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